Questions d'orthographe
Qui baîlle, baye, baille ?
Pourquoi faut-il parfois avoir recours à un correcteur professionnel? Tout simplement parce que la langue française se plaît à être complexe. Voici par exemple un cas de paronymie:
Dans ce cas-là, on dira que le bébé bâille (et attention à l'orthographe!).
Cette illustration fait référence à une expression populaire française qui signifie rêvasser ou s'étonner.
On dira qu'il baye aux corneilles.
A ne pas confondre, avec le bail qui se conclut entre un propriétaire et un locataire (le bailleur baille son logement par l'intermédiaire d'un bail _ ou de baux).
Tout ça en se rappelant que chaque terme a différentes déclinaisons.
Ainsi, dans ce poème d'Henry Murger "La tournée du diable" dans Les Nuits d'hiver:
Par le chemin qui mène au village, un voyageur marchait tout seul ; _ c' était à l'heure où le soleil se couche. Son visage était sinistre, _on eût dit la tête d'un décapité. _Sous d'épais sourcils hérissés, ses yeux luisaient, pareils à des flammes. Un affreux sourire raillait sur sa bouche. Étincelants comme des brins d'acier rougis à la fournaise, ses cheveux se tenaient droits sur son front. Et les rides de son crâne ruisselaient d'une sueur infecte, dont les gouttes tachaient le sol, comme la morsure d'un acide. Et la terre tremblait sous ses pas, _ rendant des bruits étranges. Sur son passage, les oiseaux se taisaient, et cachaient leurs petits sous leurs ailes. Les arbres frissonnaient comme aux jours où le vent se met en colère. Les fleurs qui bayent à la rosée retenaient leur parfum.
L' herbe où s'allongeait son ombre devenait rousse, comme si elle eût été brûlée par une pluie de charbons ardents. Et, comme, en passant près de la fontaine, le voyageur y plongea le bout de son bâton, _l' eau bouillonna soudain. Et l'on vit s'élever dans l'air un brouillard de fumée noire et puante. Et l'onde demeura croupie comme la fange des marais. Tout en marchant, le voyageur chantait une chanson sur un air inconnu. Un air sinistre, qui aurait donné la peur aux plus braves. [...] (sur Gallica, page 221) 22 février 1848.